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Schneider et Cie

Élément de la reliure du livre représentant l’emblème de Schneider et Cie (lettre S avec deux canons)

 

L’histoire du Creusot

Le superbe ouvrage, Etablissements de MM. Schneider et Cie, retrace l’histoire de cette société jusqu’au tournant du XXe siècle. Il rappelle que la ville du Creusot s’est développée simultanément avec l’entreprise de la famille Schneider, à l’origine d’une puissante dynastie d’industriels qui domine la sidérurgie de père en fils jusqu’en 1960.

Le premier document connu mentionnant Le Creusot est un acte de vente, daté de 1253, par lequel Henri de Monestoy cède à Hugues IV, duc de Bourgogne, la « Villa de Crosot » située dans un hameau et établie sur un gisement houiller. En 1782, une société se constitue sous le patronage de Louis XVI pour alimenter les Fonderies royales de Montcenis avec les mines du Creusot. La création du Canal du Centre dote la ville d’une voie de communication très importante. Pendant la Révolution, les Fonderies sont réquisitionnées pour fabriquer des canons et des projectiles. En 1815, le travail cesse complètement. En 1818, l’un des créanciers achète Le Creusot et fait faillite en 1833.

En 1835, Le Creusot est vendu aux enchères. En 1836, grâce à une surenchère par adjudication, la banque Seillière et deux de ses employés, les frères Schneider, Adolphe et Eugène, se portent acquéreurs du Creusot Ces derniers sont alors nommés dirigeants de la nouvelle société Schneider Frères et Cie. Ils arrivent au moment où les chemins de fer et la navigation à vapeur donnent une immense impulsion à l’industrie métallurgique.

A la mort de son frère en 1845, Eugène reste seul à la tête du Creusot : la société est renommée Schneider et Cie. En 1860, de nouveaux traités de commerce ouvrant la France à la concurrence étrangère, Eugène renouvelle l’usine. Henri, son fils, devient le gérant en 1875 et tire partie de nouveaux procédés, notamment l’utilisation de l’acier. La société innove dans les secteurs de la métallurgie et de la sidérurgie, et devient l'un des leaders européens dans les domaines de l'armement. Son fils, Eugène II, devenu le gérant en 1898, opère des investissements dans de nombreux domaines à l’étranger (mines, électricité, sidérurgie avec l’aviation, et chimie).

Pour en savoir plus

James Dredge

Etablissements de MM. Schneider & Cie

Nevers : Imprimerie Mazeron Frères, 1902

1 vol. ([VIII-] 445 p.) : ill., portr., fac-sim., cartes : 39 cm

[FR 5424/A

Le paternalisme des Schneider

L’œuvre industrielle des Schneider se double d’une œuvre politique : ils seront tous maires du Creusot, et construisent la ville autour de l’usine en érigeant une nouvelle église, un cimetière, des routes, une poste, une nouvelle mairie, des fontaines, etc.

Le livre met également en avant l’œuvre sociale des Schneider qui suit le Creusotin tout au long de sa vie : épargne pour le personnel, pension pour les veuves, accès à la propriété (vente de terrains à prix réduit), location de logements entretenus aux frais de l’usine, et gratuité d’un service médical et pharmaceutique pour le personnel. Ce sont aussi les premiers industriels à mettre en place une caisse d’allocation familiale et une caisse de retraite. Jusqu’en 1882, l’usine supporte tous les frais de l’instruction primaire du Creusot et elle continuera à financer l’Ecole libre pour garçons, afin de former une main d’œuvre qualifiée.

Néanmoins, les Schneider font face à des mouvements de grève à la fin du XIXe siècle. Les salaires sont juste suffisants pour éviter le relâchement au travail, et la délation dans l’usine est fréquente. Les ouvriers obéissent à des règles militaires et possèdent un « livret obligatoire de travail » répertoriant leurs idées politiques, leurs assiduités religieuses et leurs agissements. La pyramide hiérarchique est aussi très présente et les relations au travail s’en trouvent cloisonnées.

L’usine du Creusot en 1900

L’évolution et la production de l’usine sont très amplement illustrées dans ce monumental ouvrage, grâce à la lithographie* (pour les schémas) et la photogravure* (pour les images). 

Schneider et Cie dispose d’importants moyens. En 1900, l’usine du Creusot s’étend sur 4 km sans interruption et occupe environ 970 ha . Les différents services sont reliés entre eux par un réseau de voies ferrées de 303 km et les bords du Canal du Centre sont ingénieusement aménagés pour le transbordement des matériaux, machines, etc.

Vue panoramique du Creusot en 1900

L’usine se compose de différents ateliers et services :

  • Les houillères : c’est au Creusot, en 1840, que la méthode d’exploitation par tranches horizontales ou en travers, avec remblais complets, est essayée pour la première fois avant d’être généralisée.
  • Les fours à coke : ils permettent de transformer la houille en coke, combustible utilisé dans les hauts-fourneaux.
  • Les hauts-fourneaux : leur production journalière de fonte est en moyenne de 80 tonnes par fourneau. Leurs chaudières peuvent fournir aux autres services de la vapeur nécessaire aux machines.
  • Les aciéries : on y trouve l’atelier de forgeage de grosses pièces où l’on utilise le fameux marteau-pilon à vapeur de 100 tonnes construit en 1877 d’après les plans de François Bourdon.
  • La forge à laminoirs : elle sera visitée par de nombreux étrangers qui s’en inspireront.
  • Les ateliers de constructions mécaniques : Schneider et Cie est le premier constructeur en France à construire bateaux et locomotives à vapeur et un grand nombre de machines de tous genres : appareils marins, locomotives, marteaux-pilons, etc.
  • Les ateliers d’électricité : ils construisent des moteurs pour les tramways, des transformateurs, des alternateurs, des dynamos, et tout matériel électrique à courant continu ou alternatif.
  • Les services de l’artillerie et des fortifications : créés en 1886, ils sont les plus importants services de l’usine à contribuer aux progrès de la métallurgie et de la construction du matériel militaire français de terre et de mer : en 1897, Schneider et Cie dispose d’un quasi monopole.

Les chantiers de constructions navales et de ponts et charpentes à Chalon-sur-Saône

Vue des chantiers de Chalon-sur-Saône

 

Les chantiers de constructions navales de Chalon sont créés en 1839 par les frères Adolphe et Eugène Schneider dont l’objectif est de construire pour la première fois en France des bateaux à vapeur. Ne sont construits que des coques de bateaux en fer, d’où le surnom pour les chantiers, de « Bateau de fer », puis celui de « Petit Creusot ». Placés à la rencontre de la Saône et du Canal du Centre, desservis par les chemins de fer de la ligne de Paris et par un embranchement ferroviaire particulier appartenant à Schneider et Cie, les chantiers jouissent d’une situation exceptionnelle et traversent une période florissante.

Avec le développement croissant des chemins de fer, Schneider et Cie décide de faire produire à Chalon des ponts et charpentes métalliques dès 1853. Les années suivantes cette production est féconde, tandis que celle des travaux de marine continue d’être importante. En 1885, Schneider et Cie aborde avec succès l’exécution des torpilleurs. A partir de 1898, celle des contre-torpilleurs, et de 1908 à 1930, celle des sous-marins.

De 1885 à 1900, le développement des chantiers ne s’est pas ralenti et les différents ateliers travaillent sans cesse. Les chantiers de Schneider et Cie sont alors les établissements industriels les plus importants de Chalon et jouent un rôle prépondérant dans la création des principaux procédés de montage et de lancement. L’activité de construction navale cesse complètement en 1957, et celle des ponts et charpentes en 1972.

* Vous pourrez trouver des explications et des informations sur les termes et les noms portant un astérisque, en allant sur les rubriques de Comprendre le patrimoine.