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Le Roman de la Rose

Détail du haut du folio 1

Une copie manuscrite

Le manuscrit 33 conservé à la bibliothèque de Chalon-sur-Saône est une copie manuscrite réalisée au cours du XIVe siècle, d’un roman en vers, le Roman de la Rose, écrit au cours du XIIIe siècle par Guillaume de Lorris et Jean de Meung.

Cette œuvre a profondément marqué l’histoire de la littérature française. Les conceptions différentes de l’art d’aimer contenues dans le texte ont déclenché les premiers débats littéraires du Moyen Âge et des siècles suivants.

« Best-seller » de l’époque, il a été abondamment recopié et il en existe environ 300 copies médiévales dans le monde, dont celle de Chalon.

Pour en savoir plus

Guillaume de Lorris et Jean de Meung

Le Roman de la Rose, suivi du Testament de Jean de Meung

XIVe siècle

Parchemin manuscrit

1 vol. (119 feuillets) : 2 col. ; 320x240x40 mm.

Reliure veau XVIIIe siècle

[MS 33

Qu’est-ce qu’un manuscrit ?

Ce manuscrit est entièrement copié à la main sur du parchemin*.

La technique de fabrication du parchemin a été développée au IIe siècle av. J.-C. dans la cité de Pergame en Turquie. C’est le principal support d’écriture au Moyen Âge.

Pour réaliser un manuscrit, le copiste doit faire preuve d’endurance. On estime qu’un copiste peut écrire environ cinq pages d’une quarantaine de lignes par jour.

Il prépare les pages du manuscrit en traçant les lignes qui lui permettront d’écrire (cette opération s’appelle la réglure) et réserve les emplacements pour les enluminures* qui viendront ensuite orner le manuscrit.

 

Le récit

Le récit du Roman de la Rose est celui d’un songe fait par le narrateur qui raconte la conquête de la Rose, représentation de l’être aimé. Dans un jardin, de nombreux personnages allégoriques comme Amour ou Bel Accueil guident le narrateur jusqu’à la Rose. Mais Jalousie punit Bel Accueil et érige une forteresse autour de la Rose. La forteresse est finalement assiégée par Amour qui accordera les faveurs de la Rose au narrateur. Le récit s’achève avec le réveil du narrateur.

Les deux auteurs nous révèlent deux conceptions de l’art d’aimer. Guillaume de Lorris met en avant les valeurs courtoises de l’amour, alors que pour Jean de Meung, il ne s’agit plus que de la satisfaction d’un désir sexuel parfaitement explicite.

Folio 31 du Roman de la Rose

Les auteurs

Guillaume de Lorris, né au XIIIe siècle, rédige le début du Roman de la Rose vers l’âge de 25 ans. Il décède prématurément avant de l’avoir achevé. Il n’aura composé que 4 000 vers.

On sait très peu de choses de ce poète lettré. Il aurait fait des études de clerc et il aurait été le protégé du Comte de Poitiers (frère saint Louis).

Une quarantaine d’années plus tard, Jean de Meung poursuit l’histoire du Roman de la Rose et augmente le récit de plus de 18 000 vers. Mais les valeurs courtoises introduites par Guillaume de Lorris ne sont plus développées par Jean de Meung. Il profite du récit pour introduire de longues digressions morales, philosophiques ou scientifiques.

Jean de Meung est né dans la deuxième moitié du XIIIe siècle à Meung-sur-Loire. Il aurait été docteur en théologie. Suivant certaines sources il aurait fait ses études à l’Université de Bologne entre 1265 et 1269 où il aurait entrepris la rédaction de la suite du Roman de la Rose. Il décède au début du XIVe siècle à Paris.

Folio 1 : initiale ornée de feuillages et historiée (représentant le poète amant, songeant) et décor végétal central. Enluminure bleu, rouge et ocre. Traces de feuille d’or.

Folio 1 : initiale ornée de feuillages et historiée (représentant le poète amant, songeant) et décor végétal central. Enluminure bleu, rouge et ocre. Traces de feuille d’or.

Les enluminures

Dans ce manuscrit on trouve deux enluminures.

La première orne la lettre « M » et représente le songe du narrateur : on y voit le narrateur endormi et un buisson de rose.

La seconde lettrine*, « L », se trouve au début du second texte contenu dans l’ouvrage, le Testament de Jean de Meung, qui est écrit en quatrains et contient des conseils destinés aux différentes classes de la société.

L’enluminure représente une figure très répandue dans l’iconographie du XIVe siècle, il s’agit d’un Trône de Grâce, c’est-à-dire une représentation de la sainte Trinité (le Père, le Fils et le Saint-Esprit) qui, dans le christianisme, est la représentation de l’essence divine. L’enluminure illustre le début du texte qui fait référence à la Trinité.

Le texte du premier folio est également encadré par des motifs floraux.

Les enluminures sont rehaussées à la feuille d’or.

Folio 107 : initiale historiée (représentant la Trinité ou Trône de grâce : Dieu le Père assis portant sur ses genoux le Christ en croix surmonté de la colombe du Saint Esprit,). Enluminure bleu, rouge, ocre, vert. Feuille d’or.

Folio 107 : initiale historiée (représentant la Trinité ou Trône de grâce : Dieu le Père assis portant sur ses genoux le Christ en croix surmonté de la colombe du Saint Esprit,). Enluminure bleu, rouge, ocre, vert. Feuille d’or.

Les propriétaires successifs

La reliure de cet ouvrage n’est pas contemporaine du manuscrit mais date du début du XVIIIe siècle, commandée par son propriétaire de l’époque. Sur le dos du livre on remarque des motifs floraux caractéristiques du XVIIIe siècle.

A la fin de l’ouvrage se trouvent plusieurs actes de naissance des enfants d’un des premiers possesseurs, Geoffroy de Tenay. Plusieurs personnes posséderont successivement l’ouvrage, dont Jean-Baptiste Lucotte de Tilliot (1710) et Jean-Baptiste Lantin de Damerey (1751), qui rédigèrent des écrits portant sur le Roman de la Rose. A la Révolution, l’ouvrage est confisqué et entre dans les collections d’Etat de la bibliothèque de Chalon-sur-Saône.

Reliure du manuscrit

Pour le feuilleter

En 2009, la numérisation du manuscrit de la Bibliothèque de Chalon a été intégrée dans une campagne internationale visant à reproduire les différentes copies du Roman de la Rose existant à travers le monde.

Le résultat de cette campagne peut être librement consulté sur le site de la Digital Library of Medieval Manuscripts.

 

* Vous pourrez trouver des explications et des informations sur les termes et les noms portant un astérisque, en allant sur les rubriques de Comprendre le patrimoine.