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Il était une fois le conte de fées 

Le conte de fées ne se définit pas systématiquement par la présence de fées. Le mot « fée » vient du latin « fata » signifiant « Destinée ». Le conte de fées comprend aussi une structure narrative précise qui se traduit par un parcours initiatique : le personnage principal subit un malheur ou un méfait, et doit traverser des épreuves et des péripéties, remettant souvent en cause son statut ou son existence, pour obtenir une nouvelle situation stable, comme un mariage ou l’établissement d’une nouvelle vie.

L’origine du conte de fées est floue comme celle des religions, des mythes, des légendes et des fables. Mais, par-delà la variété des formes et des thèmes, on retrouve un corpus universel de contes merveilleux. Ce caractère universel s’explique par le questionnement auquel le conte essaie de répondre, celui de la condition de l’être humain dans le temps et l’espace. Le merveilleux qui l’accompagne imprègne la culture et la littérature antiques puis médiévales. Les Métamorphoses d’Ovide ou encore Le Roman du Renard, sont déjà des préfigurations du genre littéraire. Mais même si le merveilleux imprègne ces histoires, ce n’est pas le cœur du récit.

Le conte de fées n’indique jamais l’époque ni le lieu où se déroule l’histoire. En effet, le parcours initiatique du personnage ne conduit à aucune description précise. Cette façon de placer, dès le début, le récit hors du temps et de l’espace a pour effet de plonger immédiatement le lecteur dans l’univers secondaire. Ainsi on ne peut pas mettre en doute le récit, et cela peut également rassurer puisque les ogres et autres monstres résident dans une « contrée très lointaine ». Les animaux y occupent une place centrale, qu’ils soient réels, imaginaires ou, parfois doués de la parole, métamorphoses d’humains en animaux. Leur présence n’est pas accessoire : ils peuvent seconder le héros dans sa quête, ou être le monstre à affronter, comme celui que rencontre Le prince Engageant. Le choix de l’animal peut souligner la vulnérabilité, la dégradation et l’avilissement du personnage. Le bestiaire magique souligne ainsi le merveilleux des contes de fées.

C’est l’Italie qui voit naître les initiateurs du conte de fées comme genre littéraire au XIVe siècle. Boccace, avec son recueil de nouvelles, Décaméron, est le premier à mettre en place un récit-cadre : un personnage raconte chaque soir une histoire. Ce modèle sera repris au siècle suivant par le Vénitien Straparola avec les Nuits facétieuses, puis au XVIIe siècle par le Napolitain Basile, avec son Pentamerone. C’est enfin à Charles Perrault que l’on doit la naissance du conte de fées en tant que genre littéraire avec la parution en 1697 des Histoires ou Contes du temps passé, avec des moralités, plus connues sous le titre des Contes de ma mère l’Oye. Avec Charles Perrault, le genre oral qui était alors méprisé, acquiert ses lettres de noblesse.

 

Contrairement aux contes de fées d’aujourd’hui, ces récits ne s’adressent pas spécifiquement aux enfants. On distingue deux types de public : celui des enfants, pour lequel le récit s’appuie sur les peurs (la faim, la séparation, l’abandon, etc.) et celui des post-adolescents pour lequel le conte de fées servira de mise en scène des rituels de séduction ou de la vie conjugale. Le parcours initiatique correspond le plus souvent au passage de l’adolescent à l’âge adulte comme dans Les Aventures d’Aristonous de Fénelon, écrites à l’usage du Duc de Bourgogne, petits-fils de Louis XIV.