Une édition encouragée par Pontus de Tyard
Pontus de Tyard* fait éditer L’Histoire d'Hérodian, excellent historiographe, traitant de la vie des successeurs de Marc Aurèle à l’empire de Romme,… en 1554.
L’impression est confiée à Guillaume Rouillé*, libraire à Lyon, alors que Pontus de Tyard partage sa vie entre Bissy, Lyon où il publia ses premiers livres de poésie et connut Maurice Scève, Mâcon et Paris.
La première traduction latine de cette œuvre a été réalisée par Ange Politien en 1487, la première édition grecque sera publiée en 1503, par les soins du célèbre imprimeur de Venise, Alde Manuce*.
L’édition réalisée grâce à Pontus est une édition translatée de grecq ["sic"] en françoys, par Jaques des contes de Vintemille. Il s’agit de la première traduction française éditée et elle est donc à mettre à l’actif de Tyard dans son rôle de défenseur de la langue française qui contribua à l’établissement de son usage.
Henri Estienne*, autre humaniste célèbre, donnera une édition grecque et latine de ce texte en 1581.
Une traduction de Jacques de Vintimille
Jacques de Vintimille (1512-1582) est le traducteur de l’édition de 1554.
Il est né en 1512 à Rhodes et descend d’une noble famille génoise. Il arrive en France après la mort de ses parents lors de la prise de Rhodes en 1522 par le sultan Soliman le Magnifique. Il est en effet adopté par la grande famille lyonnaise des Vauzelles, très impliqués dans la vie publique et intellectuelle du XVIe siècle. C’est Georges Vauzelles (1492-1557), chevalier de l’ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem et compagnon d’armes du père du jeune Jacques de Vintimille tué pendant le siège, qui se charge de son éducation. Jacques de Vintimille devient juriste, homme de lettres et helléniste. Ami de Clément Marot et de Diane de Poitiers, il traduit pour François 1er la Cyropédie de Xénophon. En 1550, il est reçu conseiller au Parlement de Dijon et prendra part aux travaux de réformation de la Coutume de Bourgogne.
Jacques de Vintimille était un des amis de Pontus de Tyard et de Maurice Scève. Dans les pièces liminaires* de l’ouvrage, après la dédicace de Jacques de Vintimille au connétable Anne de Montmorency, puissant personnage et ami intime d’Henri II, on trouve celle de Pontus de Tyard qui s’adresse à Vintimille. Il avoue avoir dérobé la traduction, qu’il qualifie de « vertueux labeur », dans la bibliothèque de Vintimille afin de la faire publier et d’enrichir ainsi la langue française, car elle est « experte ». L’a-t-il réellement dérobée ou est-ce plutôt un artifice littéraire destiné à honorer un ami discret et modeste en insistant, au grand jour, sur le mérite de son travail ?
Le texte de Pontus est à son tour suivi de celui de Guillaume Des Autels*, Façon par douzains, qui loue Tyard pour cet heureux larcin, qu’il faut comprendre comme heureuse initiative de traduction.