Issu de la haute bourgeoisie parlementaire et érudite, il entre au service de Colbert en 1663 et est élu à l’Académie française en 1671, ce qui marque l’apogée de sa carrière politique et de son ascension sociale, avant d’être écarté du pouvoir à la mort de Colbert en 1683. Veuf depuis 1678, il se consacre à l’éducation de ses enfants et à sa réflexion sur la prééminence de son époque sur l’Antiquité : sa lecture publique devant l’Académie française de son poème Le Siècle de Louis le Grand débute la Querelle des Anciens et des Modernes (1687). C’est dans ce contexte qu’il rédige ses contes de fées, genre qu’il tient pour « moderne » par excellence. Composés à partir de 1691, les contes de fées de Perrault comprennent 3 récits en vers et 8 contes en proses. Les récits en vers, publiés en 1694, comprennent la nouvelle Grisélidis, et les contes Les Souhaits ridicules et Peau d’Âne. Les récits en prose, édités en 1697 sous le titre plus connu des Contes de ma Mère l’Oye réunissent La Belle au Bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe-bleue, Le Maître Chat ou le Chat botté, Cendrillon, Le Petit Poucet, Les Fées, et Riquet à la houppe.
C’est à Madame d’Aulnoy que revient l’honneur d’avoir initié la mode des contes en 1690 avec le conte L’Île de la Félicité, inséré dans l’Histoire d’Hypolite, comte de Duglas. Elle est donc considérée comme l’un des auteurs fondateurs du conte de fées littéraire auquel elle insuffle un esprit subversif, en utilisant les allégories et la satire. Elle est surnommée le « Rabelais féminin » du fait de son grand sens de l’observation, d’une remarquable finesse dans son analyse des sentiments, et d’une fantaisie extrême dans ses écrits, notamment dans ses contes compilés dans Les Contes de Fées et Les Fées à la Mode.
La comtesse de Murat participe activement avec de grandes qualités littéraires et avec originalité à la mode des contes de fées, notamment par son recueil Nouveaux Contes de Fées. Elle entraîne souvent le lecteur dans des textes sophistiqués, loin de la simplicité affichée des contes de Perrault. D’assez longs passages descriptifs interrompent la narration et participent activement à l’immersion dans l’univers du merveilleux et l’idée d’exubérance. Sa maîtrise des lois du genre et son expression des conceptions de l’amour sur un ton badin font que ses contes de fées l’ont rendue célèbre en son époque.
Filleul de Louis XIV, connu sous le titre de Chevalier de Mailly, il fait partie de la première génération des conteurs littéraires. Avec ses Illustres fées, son Recueil de contes galants et son Nouveau recueil de contes de fées, le Chevalier de Mailly a publié 25 contes originaux, ce qui en fait l'un des auteurs les plus prolifiques de son époque. L'ensemble de son œuvre est dominé par la mode de la préciosité et de la galanterie. Malgré son talent, il sera rapidement oublié.
La comtesse d’Auneuil tenait un salon appelé « Le cabinet des fées ». Pour elle, les fées avaient gagné un énorme pouvoir sur le genre, et elle décide d’en faire de véritables ennemies, ce que montrent plusieurs de ses contes notamment La Tyrannie des Fées détruite (1702), symbole de l’essoufflement de la mode du conte de fées. Elle présente également dans ses autres contes une perspective critique sur l'amour en rejetant une fin heureuse.
Mademoiselle de La Force a participé à la vogue des contes de fées avec les recueils Les Fées, contes des contes et Les Contes des fées. Elle est surtout connue pour ses romans historiques dans la veine des « histoires secrètes » très populaires en son temps : de courts romans relatant l’histoire secrète d’une personne célèbre et dont l'action est généralement liée à une intrigue amoureuse. Ses romans ont eu beaucoup de succès en Europe au XVIIIe siècle.
Orientaliste, il est l’auteur de la première traduction française des Mille et une Nuits, recueil anonyme écrit à l’origine en langue arabe et regroupant des contes populaires arabes, persans et indiens. Les célèbres contes de Sinbad le marin, Aladin et la lampe merveilleuse et Ali Baba et les quarante voleurs seraient des contes racontés à Galland par un de ses informateurs et qu’il aurait ensuite ajoutés au recueil. Il adapte l’histoire des Mille et une Nuits au goût de son époque en faisant un texte plus littéraire se rapprochant du conte de fées. L’ouvrage connaît un succès immédiat en Europe et sera le texte de référence pendant plus d’un siècle. Sa traduction sera complétée par celle de Jacques Cazotte et Denis Chavis, sous le titre Les Veillées du Sultan Schahriar. Le succès des Mille et une Nuits a pour effet une multiplication de contes qui n’ont d’arabe, persan, chinois, turc, etc, que le nom.
Profitant du succès des Milles et une Nuits, Pétis de la Croix se présente comme le traducteur de contes orientaux, comme pour Les Mille et un jours, contes persans dont on ne retrouva jamais le texte original. Il se tient ainsi à mi-chemin entre la création littéraire, la traduction, l’adaptation et la supercherie. Il réitérera, notamment avec des contes turcs dans L’Histoire de la Sultane des Perses et des Visirs.
Gueulette est surtout connu pour la publication de nombreux contes d’un caractère amusant et d’une forme agréable reprenant souvent le principe du récit-cadre. On peut citer Les Contes Chinois ou les aventures merveilleuses du mandarin Fum-Hoam, Les Mille et un quart d’heure, Les Sultanes de Guzarate, et, moins exotiques, Les Soirées Bretonnes.
Écrivain écossais d’expression française, il est le descendant d’une famille de vieille noblesse catholique exilée en France. Agacé par la vogue des contes merveilleux, Hamilton entreprend de montrer à son entourage qu’il n'est pas difficile d’en composer. Il y démontre un tel art dans l'ironie déconstructrice qu’on le considère comme l'initiateur du conte satirique et libertin du XVIIIe siècle. Ses contes les plus connus sont Le Bélier, Fleur d’Épine, et Les Quatre Facardins.
Connu sous le nom de Comte de Caylus, il abandonne une prometteuse carrière militaire pour se consacrer à l’étude des arts. Outre des publications sur les arts et les antiquités, il est l’auteur de contes érotiques mais aussi de contes de fées réunis dans les recueils Les Fééries nouvelles, et les Nouveaux contes orientaux, ainsi que les contes Cadichon et Jeannette ou l’indiscrétion.
Devenue veuve à 26 ans et sans ressources, Madame de Villeneuve se lance dans une carrière littéraire, notamment avec le conte de La Belle et la Bête, publié dans le recueil anonyme La Jeune Américaine et les contes marins (1740) où différents passagers d’une traversée maritime se racontent des histoires pour passer le temps. Le conte de La Belle et la Bête ne rencontre véritablement le succès que lorsqu’il sera abrégé et repris par Marie Leprince de Beaumont. C’est sur cette version raccourcie que seront basées la plupart des adaptations ultérieures.
Madame Leprince de Beaumont est considérée comme le « Rousseau féminin » du fait de son engagement dans l’éducation des enfants et de son renouveau de la pédagogie. Elle dénonce le « merveilleux ridicule » des conteurs précédents et dose savamment la féerie et la morale. Elle publiera 70 volumes intitulés Contes Moraux. Malheureusement, la postérité n’en retiendra qu’un seul conte, La Belle et la Bête (1756), qui est en fait une version abrégée pour les enfants du conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve.
Protégé de Madame de Pompadour, il fait ses débuts littéraires dans les recueils de facéties. Son roman féérique, Acajou et Zirphile, est composé à la suite d’un pari pour accompagner des estampes déjà dessinées par son ami François Boucher pour un autre texte. Il détourne ainsi le conte de fées pour en faire une parodie où le motif de l’objet miraculeux est incarné par un pot de chambre.
Originaire de Dijon, Jacques Cazotte est un auteur autant exalté qu’inspiré. Il possède une vision personnelle de l’histoire qu’il considère comme une succession de luttes du bien contre le mal. Il est l’un des traducteurs des Veillées du Sultan Schahriar, suite des Mille et une Nuits. Il reste connu pour son roman Le Diable amoureux (1772), texte considéré comme précurseur du récit fantastique.