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[Biblia latina] Imprimée par Anton Koberger (1479)

Détail de la première page du livre avec des enluminures

Une bible incunable

Le mot « incunable* » désigne les premiers livres imprimés en Europe avec des caractères mobiles avant le 1er janvier 1501. C’est l’époque où l’imprimerie est encore au berceau (en latin, incunabula).

La limite chronologique a été retenue par commodité mais ne correspond pas à une étape notable dans la transformation du livre qui ne prendra un aspect plus moderne qu’une vingtaine d’années plus tard.

Cette bible imprimée en 1479 (6 août), soit moins de trente après la célèbre Bible de Gutenberg, fait partie des cinq plus anciens incunables de la bibliothèque. Elle est reliée en deux volumes.

Pour en savoir plus

[Biblia latina]

Menardus, monachus. Generalis et compendiosa librorum Bibliae notitia

Nuremberg : Anton Koberger, 1479

2 vol. ([1]-461-[6] f.) : 2 col., 42-53 lignes ; 416 x 289 mm

[Soret GF 166

La typographie

Avant Gutenberg, on imprime à partir de blocs de bois sur lesquels on grave le texte de la page à reproduire, ce bloc ne pouvant servir que pour l’impression de cette page. C’est la xylographie*, technique née en Chine.

Avec la typographie* chaque lettre étant mobile, l’imprimeur peut se servir des mêmes lettres pour composer d’autres mots, d’autres pages, sans procéder à une nouvelle gravure.

Si les caractères mobiles métalliques sont attestés en Corée dès le XIIIe siècle, leur usage ne se généralise pas avant la période moderne.

Au temps de Gutenberg les lettres gothiques forment l’écriture courante. Les incunables sont donc imprimés en caractères gothiques*. Dans leur version la plus anguleuse ceux-ci se présentent avec une quasi-absence de courbes.

Cette bible incunable a été imprimée avec une gothique rotunda qui se caractérise par des formes plus arrondies.

 

Les débuts de l’imprimerie typographique

C’est à Gutenberg* que l’on doit, vers 1450, à Mayence, la technique complète de l’imprimerie moderne avec deux inventions majeures : la fabrication des caractères mobiles en métal moulé et la presse à vis pour l’impression.

Grâce à l’utilisation d’un support courant et souple, le papier, et d’une encre grasse, l’imprimerie se développe et connaît un succès immédiat. Elle se répand à travers toute l’Europe dans les cinquante ans qui suivent son invention.

Page typographique
Première du livre avec une lettrine dorée et des enluminures

Le modèle médiéval

Le livre manuscrit devait être considéré comme un modèle indépassable puisque les premiers imprimés lui ressemblent presque à s’y méprendre.

L’imprimerie a constitué une révolution dans l’histoire du livre car elle a permis la multiplication des exemplaires d’un même texte mais, à ses débuts, elle n’a pas changé la forme du livre : les premiers imprimés occidentaux gardent l’aspect de manuscrits (mise en page, caractères s’inspirant des écritures existantes, etc.) et pour beaucoup, sont encore décorés par l’enlumineur.

Dans les premiers imprimés la page de titre n’existe pas, pas plus que dans les manuscrits médiévaux. Toutefois, le début du texte est traité de façon particulière par le biais de l’enluminure* comme dans la tradition iconographique médiévale.

Un espace blanc était réservé à l’impression afin que l’enlumineur puisse ensuite orner les lettres.

De belles initiales enluminées* avec décors à la feuille d’or ou d'argent, fleurs, feuilles d'acanthes, et fonds poinçonnés décorent le premier feuillet de chaque volume de cet incunable.

 

« Le Livre » : la Bible

La Bible* est l’ensemble des textes sacrés pour les religions juive et chrétienne, écrits par des auteurs différents, à des époques différentes, et traditionnellement divisé en "Ancien" et "Nouveau" Testament par les chrétiens.

Avec les premiers imprimés les contenus ne changent pas radicalement : 45% des incunables sont des ouvrages religieux ; la Bible est le texte le plus souvent édité.

La Bible de Gutenberg ou Bible à 42 lignes, imprimée à partir de 1452, est considérée comme le premier livre imprimé occidental.

Les premières bibles imprimées, comme la Bible de Gutenberg, sont de grand format, et en priorité destinées aux abbayes et couvents pour une lecture à haute voix. Ce n’est qu’une vingtaine d’années plus tard que furent imprimés de plus petits volumes.

Plus de la moitié des bibles incunables sortent des presses allemandes.

Un imprimeur : Anton Koberger (Vers 1440/1445 - 1513)

(ou Anton Koburger ou Antonius Coberger)

Etabli à Nuremberg, cité artistique et humaniste, Anton Koberger* est le plus important des imprimeurs de cette ville. Il est l’un des premiers à envisager l’imprimerie et le commerce du livre comme des entreprises, en employant jusqu’à 100 personnes. Il utilisera près de 30 sortes de caractères et sera qualifié de « prince des libraires ».

Parrain d’Albrecht Dürer, il donna également à la gravure sur bois un essor extraordinaire et fut notamment l’imprimeur des célèbres Chroniques de Nuremberg qui figurent aussi dans les collections de la Bibliothèque.

Vignette ex-libris du couvent dominicain d’Eichstädt (Bavière)

Provenances

Sur chaque volume on trouve deux ex-libris* (marques d’appartenance), l’un de 1742 (collé au bas du 2ème folio de chaque volume : vol. 1 : folio 2 et vol.2 : fol. 235), du couvent dominicain d’Eichstädt (Bavière), l’autre (au contreplat* de chaque volume) d’Henri Soret*, collectionneur passionné d’objets d’art et de livres, et qui, en 1946, fit don à la Bibliothèque de 70 imprimés, dont 6 incunables.

Vignette ex-libris d'Henri Soret

Bibles de Koberger

Anton Koberger publie principalement des textes de théologie, plusieurs ouvrages liturgiques ou de philosophie scolastique, quantité de recueils de sermons, de corpus juridiques ou historiques, et surtout, quinze éditions de la Bible (dont une bible allemande illustrée, en 1483).

Il imprime sa première bible latine en 1475, celle de 1479 est la cinquième. Il s’agit d’une vulgate*. Elle comporte un commentaire appelé notice ou Notitia et qui a été écrit par un moine nommé Menardus. Ce commentaire accompagne plusieurs éditions de la Bible, parues en Allemagne et à Bâle entre 1474 et 1480. Elle ne comporte pas les Interpretationes Hebraicorum nominum qui se trouvent plus fréquemment dans les éditions de 1477, 1478, et 1480.

 

Les bibles de la Bibliothèque

Sur 135 entrées « Bible » dans nos fonds patrimoniaux, une bible date du XVe (celle que nous présentons), plus d’une trentaine du XVIe (un peu moins du quart) et 68 du XVIIe siècle (la moitié).

 

* Vous pourrez trouver des explications et des informations sur les termes et les noms portant un astérisque, en allant sur les rubriques de Comprendre le patrimoine.