Dès l’ouverture de leurs premiers collèges, les jésuites ont introduit l’emploi des récompenses destinées à stimuler les élèves. Le collège des jésuites de Chalon a été rapidement le théâtre chaque année de cérémonies publiques de remise de livres de prix. La collection préservée par la bibliothèque compte plus d'une quarantaine d’ouvrages et couvre une période allant de la fin du XVIe siècle jusqu’au XIXe siècle.
Ces ouvrages présentent des reliures luxueuses très souvent réalisées en maroquin pour les ouvrages antérieurs au XIXe siècle, dont le décor se caractérise principalement par la mention de l'ex-dono du bienfaiteur, situé au centre des plats, associée à l'année de distribution. La collection offre aussi une très grande variété de décors grâce aux combinaisons des motifs obtenus par l’application des fers à dorer.
Cet ouvrage porte une reliure du XVIIe siècle en veau. Le dos à nerfs est orné aux entrenerfs de fleurons en caisson et de fers d’angle. Les plats présentent un décor à encadrement (roulette à motifs et filets) avec fers dentelle et écoinçons.
Au centre, dans un médaillon bordé de laurier, se trouve la mention de l’ex-dono de Claude Tisserand avec la date de remise de 1658, le tout entouré de fleurons. Au-dessus sont représentées les armoiries royales, et au-dessous celles de Chalon-sur-Saône.
Claude Tisserand, prieur et vicaire général de l'abbaye de Saint-Pierre de Chalon, avait constitué une rente pour l'achat de livres de prix en 1616.
Cet ouvrage est unique dans la collection des livres de prix de par le décor de sa reliure et de par son année de distribution.
Lucius Annaeus Florus
L. Annaei Flori Histor. rom. lib. IV cum notis integris Cl. Salmasii, additus etiam E. Ampelius ex ejusdem bibliotheca
Lugduni Batavorum : ex officina Elzeviriana, 1655
2 parties en 1 vol. ([16]-330-[66]-45-[7] p.) : frontispice gravé : in-8.
[FL 1900
Acquisition 2017
La bibliothèque complète également la collection des productions des imprimeurs chalonnais. Notamment pour les publications du XIXe siècle qui marquent l’apogée de l’imprimerie chalonnaise. Celle-ci se hissera à un niveau de renommée nationale, voire internationale.
Jules Dejussieu (1803-1882)* fait son apprentissage dans l’atelier paternel avant de travailler dans d’autres maisons françaises d’imprimerie pour s’initier aux progrès réalisés dans sa profession. Il acquiert des connaissances indispensables et l’expérience nécessaire pour donner un nouvel essor à l’antique établissement quasi centenaire de son père dont il héritera en 1834.
Durant sa carrière d’imprimeur-lithographe, il fait la rencontre de François Chabas*, savant chalonnais, qui désire voir imprimer ses travaux égyptologiques à Chalon-sur-Saône. Devinant l’importance de ces impressions spéciales, Dejussieu saisit la proposition de Chabas. Dès 1855 commence la production d’ouvrages qui vont faire sensation et transformer Chalon en un centre égyptologique connu du monde entier.
En 1867, il reçoit une médaille de bronze à l’Exposition universelle de Paris pour le développement de son atelier.
N’ayant pas d’héritier, il cède son imprimerie le 1er janvier 1881 à Louis Marceau* qui continuera la spécialisation de l’imprimerie.
Louis Rostan
Monuments iconographiques de l’église de Saint-Maximin (Var). Monuments et sarcophages de la crypte
Dessins par M. Ph. Rostan
Chalon-sur-Saône : J. Dejussieu, 1862.
1 vol. ([4]-II-24 p.) : avec 8 planches lithographiées (figures sur fond grisé), in-4
[FL 1954/A
Acquisition 2020
La bibliothèque veille également à l’acquisition de publications écrites par des auteurs locaux, célèbres ou moins connus.
En montant à Paris pour ses études de droit, Dominique-Vivant Denon (1747-1825)* y découvre la vie mondaine et le dessin. Il se fait d’ailleurs connaître comme graveur et artiste. Introduit à la cour comme gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi Louis XV, il devient un courtisan à succès et entame une carrière de diplomate. C’est au cours d’un long séjour en Italie qu’il commence à étudier les monuments anciens et à produire des dessins et des gravures.
En 1788, il publie son premier ouvrage, Voyage en Sicile, qui s'inscrit dans l’une des entreprises éditoriales marquantes du XVIIIe siècle. Au-delà de la description des vestiges antiques et des paysages, cet ouvrage vaut aussi pour le ton naturel et le regard de l'auteur, sa curiosité, son humour, sa tolérance, son scepticisme et son ironie.
Son habileté, sa compétence et ses relations lui permettront de rester en grâce pendant le tumulte révolutionnaire, puis sous l’Empire après avoir accompagné Napoléon Bonaparte lors de l’Expédition d’Égypte (1798-1799) en qualité de ce qui préfigure le métier de « grand reporter ». Travailleur infatigable, Denon exécute méthodiquement les croquis de tous les monuments qu’il rencontre. L’égyptologie doit beaucoup à son ouvrage Voyage dans la Basse et la Haute Egypte publié en 1802. Ce livre connaît un succès considérable et révèle aux Français l’art égyptien.
Denon rédigera également le catalogue du Musée Napoléon et posera ainsi les bases du musée du Louvre dont il sera le premier Directeur (1802-1815). Une aile de ce musée porte son nom, ainsi qu’un musée à Chalon-sur-Saône.
Vivant Denon
Voyage en Sicile. Par M. de Non, Gentilhomme ordinaire du Roi, et de l'Académie royale de Peinture et Sculpture
À Paris : de l’imprimerie de Didot l’aîné, 1788.
1 vol. (248 p.) : in-8.
[FL 1926/A
Acquisition 2018
La bibliothèque acquiert également des ouvrages portant sur des sujets locaux qui ont rythmé l’histoire de Chalon et sa région.
Ce panorama représente un plan général des établissements Schneider du Creusot et du Breuil, ainsi que des vues des chantiers de Chalon-sur-Saône, de Champagne-sur-Seine, d’Harfleur, de la Cité ouvrière de l’usine Henri Paul et du port du bois Bretoux.
La société Schneider et Cie est créée au Creusot en 1836 par les frères Eugène et Adolphe Schneider. La ville du Creusot se développera simultanément avec la société, à l’origine d’une puissante dynastie d’industriels qui dominera la sidérurgie de père en fils jusqu’en 1960.
Les chantiers de constructions navales de Chalon sont créés en 1839 par les frères Schneider dont l’objectif est de construire pour la première fois en France des bateaux à vapeur. Ne sont construites sur place que des coques de bateaux en fer, d’où le surnom pour les chantiers, de « Bateau de fer », puis celui de « Petit Creusot ». Avec le développement croissant des chemins de fer, Schneider et Cie décide de faire produire à Chalon des ponts et charpentes métalliques dès 1853. En 1885, Schneider et Cie aborde avec succès l’exécution de torpilleurs, puis dès 1898 celle de contre-torpilleurs, et de 1908 à 1930 celle de sous-marins. Les chantiers de Schneider et Cie sont alors les établissements industriels les plus importants de Chalon et jouent un rôle prépondérant dans la création des principaux procédés de montage et de lancement.
L’activité de construction navale cessera complètement en 1957, et celle des ponts et charpentes en 1972.
G. Conrad
Panorama des Principales Usines des Établissements Schneider du Creusot & du Breuil
1910
Panorama dépliant
[FR 5454/A
Acquisition 2018
Suite à la valorisation d’illustrateurs du XIXe siècle, la bibliothèque a procédé à des achats.
Jean Jacques Grandville (1803-1847) démontre précocement son talent de caricaturiste. Dès 1820, il conçoit des créatures hybrides, mi-hommes mi-animaux, qui feront son succès et qui deviendront rapidement la marque de son talent, représentant avec une extraordinaire habileté des expressions humaines sur une figure animale.
Les Fleurs animées est un célèbre recueil de contes inspirés par les fleurs et composés par Taxile Delord (1815-1877). Le contenu du texte est une personnification en femmes des pensionnaires du Palais de la Fée aux fleurs, qui obtiennent de pouvoir descendre sur terre pour juger de l’admiration qu’elles suscitent et des pouvoirs qu’elles peuvent en tirer.
Chaque femme-fleur est élégamment représentée par Grandville, parfois accompagnée d’animaux aux postures humaines, et par des histoires drôles ou tristes inspirées des contes. C’est l’un des plus originaux et des plus séduisants livres illustrés par Grandville.
Dans cet ouvrage, qui s’adresse à un lectorat féminin, Grandville délaisse la satire pour la grâce des figures de ballet romantique.
Si le succès public est au rendez-vous, avec des réimpressions et des contrefaçons belges, les critiques, eux, sont sévères, démontrant une lassitude face au style de Grandville.
Grandville
Les Fleurs animées
Texte par Taxile Delord
Paris : Gabril de Gonet, 1847
2 parties en 1 vol. (364-130-132 p.) : 2 frontisp., 2 pl. en noir et 50 pl. en coul. : in-4
Édition originale du premier tirage
[FA in-4 6
Acquisition 2020
Parmi les points forts des collections patrimoniales existantes, l’astronomie.
Dans sa Sphère du monde, l’abbé Pierre Le Lorrain de Vallemont (1649-1721) traite des saisons, du soleil qui produit des différences de température sur la terre, des apparences de Vénus et Mercure, du soutien de la théorie de Copernic par l'Église, etc.
En effet, après avoir comparé les différentes représentations astronomiques de Copernic, de Ptolémée et de Tycho-Brahé, il fournit ce qui est la première description détaillée de la sphère armillaire de Jean Pigeon d'Osang et de Delure, acquise par le roi en 1705.
Cette sphère armillaire est l'une des premières à être basée sur le système héliocentrique de Copernic.
Pierre Le Lorrain de Vallemont
La Sphère du monde, selon l'hypothèse de Copernic, décrite, démontrée, & comparée avec les sphères & les systèmes de Ptolomée, & de Tyco-Brahé
À Paris : chez Prosper Marchand, 1707
1 vol. ((24)-377-(5) p.) : table, 5 planches dont 3 dépliantes : in-12
Édition originale
[FA in-12 5
Acquisition 2021
Dom et Jean-Paul Ruiz, artistes plasticiens depuis plus de 30 ans, mènent un travail de réflexion en profondeur sur le paysage et la place de l'homme au cœur de son environnement. Leurs réflexions les ont amenés à élaborer le concept de "géotopoét(h)ique" d’un territoire qui leur permet d’agir en tant qu’artistes sur un territoire-paysage. Photographies, vidéos, peintures, installation et édition de livres d’artiste sont les médiums qu’ils utilisent. Ils sont présents dans le fonds depuis la fin des années 1990.
C’est à partir d’un poème inédit écrit par Erwann Rougé que Dom et Jean-Paul Ruiz ont imaginé l’ouvrage Pleine terre. Le texte est illustré par le collage, la peinture, l’aquarelle ou la photographie. Les artistes n’hésitent pas à employer également des matériaux naturels tels que de l’herbe ou des feuilles d’arbres.
Erwann Rougé
Pleine terre
Illustration de Jean-Paul Ruiz
Le Roc-Saint-Aulaire : Dom et Jean Paul Ruiz, 2017
5/6 exemplaires numérotés et signés
[FB in-4 114
Acquisition 2017
Originaire de Chalon-sur-Saône, Gérard Joblot pratique la photographie depuis 1975, avec une première exposition publique en 1991.
En 1995, il commence des recherches sur la conception et la fabrication de chambres à sténopé. En 1998, il crée l’« Association Trois Dixièmes » pour la création et la diffusion artistique, et explore les procédés « alternatifs » de tirage en couleurs.
En 2001, il débute une activité d’impression au service des photographes. En 2010, « l’Atelier3Dixièmes » devient une entreprise professionnelle en direction des photographes, artistes, galeries, musées, institutions.
En 2015, il crée les « Éditions3dixièmes » et fait paraître son travail.
Lia Kurts
Trio
Photographies de Gérard Joblot
Mise en scène par Gilone Brun
Cluny : Éditions3dixièmes, 2019
Édition originale tirée à 8 exemplaires dont 4 hors commerce, tous signés par l’auteur, l’artiste et la scénographe.
[FB in-4 129
Acquisition 2020