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Un monde illustré

Chaque tome du Cabinet des fées est illustré de trois gravures. La quasi-totalité de ces gravures a été réalisée à partir des dessins du dessinateur et graveur, Clément-Pierre Marillier.

 

Né à Dijon, Clément-Pierre Marillier (1740-1808) est l’un des illustrateurs les plus remarquables du XVIIIe siècle. Se destinant tout d’abord à la peinture, il l’abandonne pour l’art plus facile et plus immédiatement rémunérateur du dessin d’illustration afin de pourvoir aux besoins de sa famille. Il se fait très vite une place parmi les artistes les plus en vogue. Plus de deux mille dessins témoignent de son talent de vignettiste. Ces œuvres servent de modèles pour la gravure, notamment pour illustrer une édition de la Bible, une traduction de l’Iliade, et des œuvres de Voltaire. Marillier travaille en particulier pour Le Cabinet des Fées pour lequel il fournit cent dix figures. Il illustrera également les Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques… de Charles Garnier (39 vol., 1789).

Pour varier ses occupations, Marillier passe du dessin à la gravure en taille-douce et à l'eau-forte : il a peu gravé, et seulement d’après ses propres dessins , mais son talent était pourtant très estimé.

 

Le travail de gravure en taille-douce des cent vingt illustrations du Cabinet des fées est confié à trente et un graveurs, notamment Nicolas Delaunay ou Emmanuel de Gendt.

Nicolas Delaunay, ou de Launay (1739-1792)

Entré très jeune dans le métier de graveur, Nicolas Delaunay réussit dans tous les genres : l’histoire, le portrait, le paysage, la vignette. Il use parfois de son anagramme De Valnay. Quelques années après avoir été reçu membre de l’Académie de Copenhague, il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture, puis devient graveur du roi. Il exécutera trente et une gravures pour Le Cabinet des fées.

 

 

Emmanuel de Ghendt (1738-1815)

Emmanuel de Ghendt est graveur mais aussi dessinateur et marchand d’estampes. Français d’origine flamande, il est considéré comme l’un des meilleurs et des plus prolifiques graveurs du XVIIIe siècle. Formé à Paris, il montre très tôt sa maîtrise de l’eau-forte. Il se spécialise d’abord en vignettes et culs-de-lampes, destinés à l’ornement des livres, ainsi qu’en ex-libris. Il devient, au fil du temps, le graveur attitré de Marillier.

Les illustrations du Cabinet des fées sont remarquables par leur nombre, la qualité de leur exécution, leur force d’évocation, et leur dimension. Elles sont le fruit d’une grande imagination et reflètent avec fidélité leur époque en faisant appel à une culture visuelle mettant notamment en scène des références aux lieux et aux décors à la mode.

Un univers idéalisé selon la conception des mondains est traduit : châteaux enchantés, palais des fées, villes et royaumes idéaux. Pour les scènes intérieures certains élément, tels que le miroir, les arabesques de décors floraux, ou la porcelaine, mettent en avant le luxe comme un signe affirmé de valeur.

C’est également dans le Cabinet des fées qu’apparaissent les premières illustrations françaises pour les Mille et une nuits.

Avec les gravures de ce recueil c’est une partie de la littérature qui s’ouvre à l’illustration. L’imagerie du merveilleux se déclinera en multiples variantes et connaîtra un apogée au XIXe siècle avec des illustrateurs comme Gustave Doré.