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Un monde de conteuses 

Le Cabinet des fées réunit les textes d’une quarantaine de conteurs, dont ceux d’une quinzaine de femmes. En voici quelques-unes d’entre elles :

Marie-Catherine d’Aulnoy (1652-1705) est l’un des auteurs fondateurs du conte de fées littéraire. Devenue un modèle pour d’autres conteuses, elle est également connue pour sa vie mouvementée et pour avoir insufflé dans ses textes un esprit subversif, en utilisant les allégories et la satire. Ses écrits, dans leur critique masquée de la société, sont souvent comparés à ceux de La Fontaine. Elle est la première à publier un conte de fées en France, L’île de la félicité, inséré dans son roman Histoire d’Hippolyte, comte de Douglas édité en 1690. Dans ses Contes de fées, parus pour la première fois en 1698 et qui lui valent la célébrité, figurent La Biche au bois ou Fortunée. Ils seront beaucoup réédités ainsi que Les Fées à la Mode ou Contes nouveaux.

 

Louise de Bossigny (1670-1730), comtesse d’Auneuil, aurait tenu un salon appelé « le cabinet des fées ». Son premier recueil et le plus célèbre, La Tyrannie des Fées détruite, est publié en 1702. Le titre original pourrait avoir été Nouveaux contes de Fées mais, l’enthousiasme pour le conte de fées s’étant estompé dans cette période, un titre plus « accrocheur » est retenu. Les fées sont même présentées comme de véritables ennemies, et plusieurs contes rejettent une fin heureuse. Sa dernière publication, en 1709, Les Chevaliers errans et le Génie familier, donne avec brio au conte de fées, des tonalités rappelant le roman héroïque et pastoral ou le merveilleux oriental.

Gabrielle-Suzanne de Villeneuve (1685-1755) est connue pour être la première rédactrice du conte de La Belle et la Bête paru en France. Ce conte apparaît dans son recueil de contes, La jeune Américaine et les contes marins, publié en 1740 et dans lequel les passagers d’une traversée maritime se racontent des histoires pour passer le temps. Il ne connaît la célébrité que lorsqu’il est repris par Madame Leprince de Beaumont, en version raccourcie, dans son Magasin des enfants, en 1757.

 

 

Louise Levesque (1703-1745) est une femme de lettres née à Rouen. Après son mariage qui la conduit à Paris, elle entre en relation avec des auteurs. Elle s’adonne alors à la lecture et à l’écriture, et produit des textes dans les genres les plus variés.

Elle doit sa réputation, non à sa poésie et ses pièces de théâtre, mais à ses textes en prose, notamment ses romans qui furent en vogue, ainsi qu’à ses deux contes, Le Prince des aigues-marines et Le Prince Invisible.

 

 

 

Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1711-1776) est préceptrice et compose ses premiers écrits avant de s’installer à Londres où elle sera gouvernante pour des enfants de la haute société anglaise. Engagée dans la pédagogie et soucieuse d’instruire en amusant, elle dose savamment la féerie et la morale. Elle publie ainsi, à destination des enfants et des adolescents, revues et ouvrages, notamment soixante dix volumes intitulés Contes moraux. Le Magasin des enfants, paru en 1756, offre un panorama de connaissances historiques, géographiques, religieuses, mythologiques, scientifiques, philosophiques et linguistiques ainsi qu’une abondante collection de contes de fées, dont fait partie Le Prince Désir. La postérité n’en a retenu qu’un seul, La Belle et la Bête. Il s’agit d’une version abrégée du conte de Madame de Villeneuve: le noyau narratif est conservé et les développements galants sont supprimés. C’est sur cette version raccourcie que sont basées la plupart des adaptations ultérieures.