C’est à Charles Perrault que l’on doit la naissance du conte de fées en tant que genre littéraire.
Charles Perrault (1628-1703) est issu de la haute bourgeoisie parlementaire et érudite. En 1663, il entre au service de Colbert. En 1671, il est élu à l’Académie française, ce qui marque l’apogée de son ascension sociale. A la mort de Colbert en 1683, il est en effet écarté du pouvoir. Veuf depuis 1678, il se consacre à l’éducation de ses enfants et à sa réflexion sur la prééminence de son époque sur l’Antiquité. En 1687, il fait une lecture publique devant l’Académie française de son poème Le Siècle de Louis le Grand, ce qui débute la Querelle des Anciens et des Modernes. En 1688, il fait paraître Parallèle des Anciens et des Modernes. C’est dans ce contexte qu’il rédige ses contes de fées, genre qu’il tient pour moderne par excellence.
Composés à partir de 1691, les contes de Perrault comprennent trois récits en vers et huit contes en prose :
- Les récits en vers sont publiés en 1694 et comprennent la nouvelle Grisélidis, et les contes, Les Souhaits ridicules et Peau d’Âne.
- Les contes en prose sont édités en 1697 sous le titre Histoires ou Contes du temps passé, avec des moralités. Ils rassemblent La Belle au Bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe-bleue, Le Maître Chat ou le Chat botté, Cendrillon, Le Petit Poucet, Les Fées, et Riquet à la houppe.
Cette publication est plus connue sous le titre des Contes de ma Mère l’Oye, figurant au frontispice de l’édition originale, frontispice présentant l’image emblématique de la veillée : une vieille femme filant la laine au coin du feu devant trois jeunes personnes en bel habit qui l’écoutent attentivement raconter des histoires. Il s’agit d’un rappel de l’origine orale et populaire des textes publiés.
L’ouvrage réunit en effet, des histoires de nourrices ou de « mies » comme Perrault avait coutume de l’affirmer. Il aurait réécrit ces contes en les complétant de moralités en vers.
En 1695 une première version manuscrite est offerte à Elisabeth Charlotte d’Orléans, nièce de Louis XIV, avec dédicace signée des initiales du fils de l’auteur, Pierre Perrault, alors âgé de 17 ans. Nombre de contemporains y voient le style de son père. Pierre aurait couché sur le papier quelques contes de « bonnes femmes » que son père aurait retravaillés par la suite.
Le talent de Charles Perrault réside dans la mise en écrit de traditions orales populaires, tout en s’inspirant de textes littéraires antiques et de la Renaissance italienne. Le style fait toute la saveur de ces histoires à succès : le genre oral méprisé acquiert ses lettres de noblesse.
Très souvent réédités, les récits en vers et les contes en prose ne seront réunis dans un seul recueil qu’en 1781.