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Journal de la navigation autour du globe

Hyacinthe de Bougainville

Journal de la navigation autour du globe de la frégate "la Thétis" et de la corvette "L'Espérance" pendant les années 1824, 1825 et 1826

Paris : Arthus Bertrand, 1837

Vignettes

Accompagné d’un atlas

[in-4° 925

Hyacinthe Yves Philippe Florentin de Bougainville (1781-1846)

Né à Brest, il est le fils du navigateur Louis-Antoine de Bougainville (1729-1811), qui s’est illustré en effectuant en 1766-1769 le premier tour du monde organisé par la Marine royale et apprécié comme un évènement considérable.

Hyacinthe n'a pas encore dix-huit ans quand il est admis à l'École Polytechnique. A la perspective de participer au voyage de découvertes en terres australes que prépare Nicolas Baudin, il donne sa démission sans achever sa scolarité.

L’Institut, récemment créé en 1795, crée une commission comprenant les meilleurs savants de l’époque (Lacépède, Jussieu, Laplace, Cuvier, Bougainville père etc.) et chargée de préparer les instructions qui seront données au commandant de l’expédition.

Hyacinthe de Bougainville     

Atlas du Journal de la navigation autour du globe de la frégate "la Thétis" et de la corvette "L'Espérance" pendant les années 1824, 1825 et 1826

Paris : Arthus Bertrand, 1837

Vignette sur page de titre, planches, cartes

 [in-folio 555

Hyacinthe de Bougainville embarque en octobre 1800 sur la corvette Le Géographe sous les ordres de Nicolas Baudin, pour un premier périple dont il revient en 1803 et au cours duquel il participe activement aux relevés hydrographiques. Son travail sera particulièrement apprécié. L’expédition coûta la vie à de nombreux hommes, et notamment au commandant lui-même, qui mourut de la tuberculose en 1803 à l'île de France (aujourd'hui île Maurice). Cependant, elle permit aux nombreux savants qui y prirent part de réaliser les premières descriptions véritablement scientifiques d'un grand nombre de territoires austraux et de populations indigènes.

Après une longue suite d’affectations et de promotions, nommé en 1822 commandant d’une frégate de quarante-quatre canons, la Thétis, avec laquelle il va d’abord effectuer trois campagnes en mer, il dirige entre 1824 et 1826 l’expédition autour du monde dont il fera le récit détaillé dans Journal de la navigation autour du globe de la frégate "la Thétis" et de la corvette l'Espérance" pendant les années 1824, 1825 et 1826.

Bougainville reste ensuite un certain temps sans affectation, sans doute occupé à la rédaction de son récit, publié seulement en 1837.

Malgré la qualité des travaux effectués pendant son tour du monde, Hyacinthe de Bougainville est assez peu récompensé. Comme beaucoup d’officiers de sa génération, il avait été envoyé pour « faire du renseignement » mais on ne tira pas parti des données qu’il avait collectées.

Il avait été fait baron d’Empire en 1811. En 1828, il est nommé gentilhomme de la Chambre du roi Charles X. Promu contre-amiral en 1838, il reçoit le commandement de la marine à Alger et ne navigue plus.

En 1841 il entre au Conseil d'amirauté et devient président du Conseil des travaux, organisme appelé à jouer un rôle important au moment où la marine entre dans une ère de révolutions technologiques.

Il meurt le 10 octobre 1846 à Paris.

De son vivant, et même après sa mort, il n'est considéré que comme « le fils de son père (entré au Panthéon en 1811) ». Pourtant, il a mené une brillante carrière marquée par deux tours du monde, et ses travaux tiennent une place très honorable dans l’exploration du globe, menée au temps des grands voiliers.

Décorations :

  • Chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis en 1816
  • Commandeur de la Légion d’honneur en 1831

 

“ […] pour la dernière fois nos voiles se déployèrent et à l’instant de rentrer au port, après vingt-huit mois d’absence, ennuis, contrariétés, impatiences, tout fut oublié. Il en fut bientôt de même du voyage et des voyageurs.”

Ainsi Hyacinthe de Bougainville, conclut-il la relation de son expédition autour du monde.

Expédition de la Thétis et de l’Espérance (mars 1824 - juin 1826)

Après les conflits déclenchés par la Révolution et poursuivis sous l’Empire, la Restauration marqua le retour de la paix. C’est pourquoi les gouvernements successifs de Louis XVIII et de Charles X s’attachèrent à renouer les contacts politiques et commerciaux avec les diverses régions du monde où cela était possible car la marine britannique, quant à elle, s’était assurée la suprématie.

Hyacinthe de Bougainville est choisi en 1822 pour diriger une expédition dont il relatera le déroulement dans son Journal de la navigation autour du globe de la frégate la Thétis et de la corvette l'Espérance, durant les années 1824, 1825 et 1826, publié par ordre du Roi.

Jusqu’à cette époque les grands voyages de circumnavigation poursuivaient surtout des buts scientifiques (découvertes de terres inconnues, cartographie, hydrographie, sciences naturelles, ethnologie, etc.).

POUR EN SAVOIR PLUS

Immersion dans l’Histoire de la découverte du monde :

La mission de ce voyage est d’abord d'établir des relations diplomatiques et de faire des observations géographiques. Les préoccupations scientifiques, sans être exclues, passent au second plan.

Ainsi, Hyacinthe de Bougainville devait faire escale à Tourane en qualité d’envoyé du roi de France, pour remettre à l’empereur d’Annam une lettre de Louis XVIII et des cadeaux. Cette reprise de contact diplomatique excluait toute idée d’implantation coloniale. Il s’agissait aussi de recueillir le maximum de renseignements sur les pays visités, d’y développer « des sentiments d’estime et d’amitié » pour la France et d’améliorer les connaissances hydrographiques.

Le parcours était établi dans la lettre de mission du ministre de la Marine et des Colonies, Aimé Marie Gaspard de Clermont-Tonnerre, polytechnicien lui aussi, et Hyacinthe le suivra scrupuleusement.

«  De l'ile de Bourbon vous devez vous porter à Pondichéry, visiter successivement Manille, Macao, la Cochinchine et l’île de Java : après quoi vous vous déterminerez à faire votre retour en Europe, soit par l'île de Bourbon et le cap de Bonne-Espérance, soit en vous dirigeant au Sud pour reconnaître les côtes de la Nouvelle- Hollande et les contourner ensuite jusqu'à Port-Jackson ; de là, portant à l'Est, vous toucheriez à l'un des ports du Chili ; puis, après avoir doublé le cap Horn, vous feriez une courte relâche à Rio-Janeiro d'où vous reviendriez directement en France. »

Lettre de mission, à Bougainville, capitaine de vaisseau commandant la frégate Thétis.

Partie de Brest en mars 1824, l’expédition sera menée avec la frégate la Thétis commandée par Hyacinthe de Bougainville, et sera rejointe en mai à l’île Bourbon (actuelle île de La Réunion) par la corvette l’Espérance en provenance de Rio de Janeiro et commandée par Paul de Nourquer du Camper.

Les deux bateaux font escale aux Canaries, contournent le Cap de Bonne-Espérance. En Asie, Bougainville séjourne un mois à Pondichéry, avant de gagner Malacca, puis Singapour. À Cavite, aux Philippines, il reste de septembre à décembre, avant de rejoindre Macao puis du 17 janvier au 17 février, Tourane, en Cochinchine où il tente d'établir les relations diplomatiques demandées. Puis, par Java, il fait voile vers l'Australie, où il reste près de trois mois, avant de rejoindre Brest par le Chili, le cap Horn et le Brésil. Il est de retour dans sa ville natale le 24 juin 1826.

Sur le plan diplomatique, le résultat n’est pas convaincant et il faudra attendre plus d’un demi-siècle pour que la France puisse prétendre à un rôle colonial d’envergure dans cette zone géographique. Bougainville conseillera pourtant au gouvernement de Charles X d'ouvrir des consulats aux Philippines et un en Chine et d'installer un représentant à Sydney.

Sur le plan économique et commercial, le périple est sans effet car la France arrive trop tard.

Toutefois Hyacinthe se fera naturaliste autodidacte, en compagnie de quelques-uns de ses officiers, afin de rapporter à Cuvier une moisson de spécimens en tous genres : des collections d’histoire naturelle, des espèces animales et végétales dont un kangourou pour la ménagerie du Roi au Jardin des Plantes, baptisé « Thétis » par Cuvier, en 1829.

Il rapporte aussi de nombreuses améliorations des cartes marines, et une grande quantité de renseignements.

Journal de la navigation autour du globe de la frégate "la Thétis" et de la corvette "L'Espérance" pendant les années 1824, 1825 et 1826

L’ouvrage, publié par ordre du roi, est composé de deux volumes de textes et d’un album de planches.

Journal de la navigation autour du globe de la frégate "la Thétis" et de la corvette "l'Espérance" pendant les années 1824, 1825 et 1826

Le premier volume de textes contient la description des contrées traversées et des événements vécus suivant la chronologie du périple, ainsi qu’un ensemble de notes en appendice. Quelques vignettes agrémentent le texte à la fin des chapitres. Le récit du voyage lui-même est précédé de plusieurs textes dont celui de la lettre de mission du ministre de la marine et des Colonies ou celui de la lettre de remerciements de Georges Cuvier, pour la riche collection d’objets d’histoire naturelle et d’animaux vivants destinés au Muséum d’histoire naturelle.

Le second volume de textes contient l’itinéraire de Valparaiso à Buenos Aires par les Andes et les pampas, les notes explicatives pour les planches que l’on trouve rassemblées dans l’atlas, ainsi que les observations astronomiques et météorologiques.

La mission de Hyacinthe de Bougainville étant essentiellement diplomatique et économique, le voyage relaté n’est plus un voyage à but “purement scientifique” comme l'expédition Baudin de sa jeunesse. L’ouvrage expose toutefois le résultat des observations astronomiques et des opérations hydrographiques effectuées.

Dans l’avertissement, Hyacinthe de Bougainville écrit lui-même qu’il s’est surtout consacré à la partie nautique du voyage et que son ouvrage n’est “[…] qu’un journal de navigation […] et comme c’est plus particulièrement pour les marins qu’il est écrit, ainsi que cela devrait être, je n’ai pas craint d’entrer dans des détails […] qui pourront être utiles parfois à qui fréquentera les parages que nous avons traversés.“. Il ajoute que la relation de son expédition “[…] aura bien peu d’attrait pour les gens du monde…

Cependant, son récit contient bien d’autres contenus. L’espace des paysages australiens sert d’arrière-plan car c’est sur les rives de ce continent qu’il a participé à une première expédition. La faune, la flore, les vastes perspectives du pays et l’hospitalité des habitants l’ont séduit. Ses observations et les courts tableaux qu’il brosse avec finesse rapportent les coutumes, les paysages, les caractères ou les trafics existants. Le tout est dépeint avec justesse et talent.

Atlas du Journal de la navigation autour du globe de la frégate "la Thétis" et de la corvette "L'Espérance" pendant les années 1824, 1825 et 1826

L’atlas, qui est le 3ème volume de l’ouvrage, contient 56 planches (lithographiées par Frey et Benard), de Louis-Pierre- Jean-Victor Vincent Adam, Adolphe Jean Baptiste Bayot, Alphonse Bichebois et Jean-Baptiste-Léon Sabatier, d’après les dessins d’Edmond Bigot de la Touanne.

Sur la page de titre est représenté le monument à la mémoire du navigateur Jean-François Lapérouse, monument que fait ériger Hyacinthe Bougainville en 1825, à Botany Bay, lors de son escale en Australie.

Les lithographies sont réparties en trois genres : 34 illustrent les pays et les hommes rencontrés ; 12 concernent des éléments d’histoire naturelle ; 10 sont des cartes.

De ses textes descriptifs, Hyacinthe de Bougainville écrit avec modestie dans l’avertissement, qu’il a dû “se borner à de simples esquisses.“. C’est pourquoi “ L’album pittoresque de M. de la Touanne, que l’on peut considérer comme le complément de mon journal, et les notes explicatives des planches dont les dessins lui appartiennent également, offrent d’ailleurs des observations suffisantes sur les mœurs et usages de ces lieux…

L’atlas paraît neuf ans après l’album publié par Edmond Bigot de La Touanne, Album Pittoresque de la Frégate La Thétis et de la Corvette L'Espérance, collection de dessins relatifs à leur voyage autour du monde en 1824, 1825 et 1826 : sous les ordres de M. le baron de Bougainville, capitaine de vaisseau, et édité chez Bulla en 1828, un folio de 35 planches lithographiques relatives au voyage et dont le prospectus annonçait la publication en ces termes : “ Ce sont des vues pittoresques des différentes contrées que l’expédition a parcourues : on a choisi principalement celles dont le caractère distinctif a paru susceptible de présenter le plus d’intérêt et les personnages qui s’y trouvent groupés avec divers costumes et dans les habitudes de leurs genres de vie particuliers. “


Source des illustrations : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France