Hetzel construit son ouvrage comme un projet dans lequel d’ailleurs il endosse deux rôles : l’éditeur, celui qui pense la réalisation, et l’écrivain, celui qui contribue à la réalisation.
En tant qu’éditeur, il travaille de façon organisée et précise. Il fixe le cadre et transmet ses exigences aux auteurs : éviter les redondances dans le choix des animaux, s’identifier de préférence à l’animal et rédiger son récit à la première personne. L’écrivain se met ainsi à la place de l’animal, ce qui confère d’ailleurs un aspect novateur dans la littérature animalière.
La responsabilité de l’illustration est donnée à Grandville, dont la notoriété n’est plus à faire. L’animal prend alors le pas sur l’humain. Dans la fable, l’homme avait toujours été l’historien, le raconteur. Ici, c’est l’animal qui s’inquiète de l’homme. Il est ainsi devenu, à son tour, le chroniqueur, le juge.
Grandville part du postulat que l’homme n’est guère différent de l’animal. Il va d’ailleurs s’appuyer sur les travaux de Lavater (la physiognomonie, ou étude de l'influence des caractéristiques psychiques d'un individu sur son aspect physique) pour imaginer et construire ses illustrations qui oscillent entre l’être monstrueux et la métamorphose.
L’illustration vient compléter le texte ponctué d’un lexique animalier mais elle est surtout à la base du processus satirique mis en place par les auteurs à la demande de l’éditeur. La caricature est alors au service d’une description acide des mœurs et des vices de la société.