Un panorama scientifique...
La parution des Français peints par eux-mêmes prend place dans un large courant de publications sur Paris et sa population nommé littérature panoramique. Également appelée physiologie, cette littérature regroupe des œuvres telles que les tableaux de mœurs, les codes, et les guides, fournissant des informations sur une époque et l’évolution des mœurs. Chaque texte est en général accompagné d’une caricature.
Ce genre littéraire est apparu au XIXe siècle et est très en vogue dans les années 1841-1843. C’est la presse, en particulier satirique, avec les journaux La Caricature et Le Charivari, qui développe largement la mode des physiologies accompagnées de gravures dès les années 1830.
On associe à ce genre littéraire le divertissement léger et facile, car offrant une vision pittoresque et rassurante de la société contemporaine, essentiellement liée à Paris. Cependant, il ne faut pas minimiser la réelle ambition scientifique du dispositif d’étude sociale mis en place dans certaines physiologies, ni leur portée critique et contestataire vis-à-vis du régime en place.
Les articles des Français peints par eux-mêmes font d’ailleurs volontiers référence à des théories scientifiques, apparues ou développées au cours du XIXe siècle, qu’ils parodient en les transposant dans le monde urbain.
Sont notamment concernées :
- la phrénologie : théorie selon laquelle les bosses du crâne d'un être humain reflètent son caractère,
- la physiognomonie : méthode fondée sur l'observation de l'apparence physique d'une personne, et surtout les traits de son visage, pour deviner sa personnalité,
- la taxonomie moderne : branche de la biologie ayant pour but de décrire les organismes vivants et de les regrouper en entités appelées taxons afin de les identifier, de les nommer, et de les classer.
L’extension progressive du projet des Français peints par eux-mêmes aux provinces puis aux colonies, montre un réel souci d’exhaustivité et de classification (inspirée de la pratique des sciences naturelles) qui donne, malgré le ton parodique des articles, une assise d’allure scientifique au projet