Installation et réemploi
Les boiseries que l’on peut admirer dans la salle d’étude y ont été placées au cours de cette installation. À l’origine, le mobilier avait été réalisé pour décorer la bibliothèque de l’abbaye Notre-Dame de La Ferté-sur-Grosne, première fille de Cîteaux, et pour répondre à la commande de son abbé Claude Petit (abbé de 1677 à 1710). Celui-ci avait opéré une œuvre de reconstruction de l’abbaye et fut l’acquéreur en 1695 de la bibliothèque de plus de 6 000 volumes, de Jean-Baptiste Fleutelot, conseiller au parlement de Dijon. Dans l’abbaye, une place d’honneur fut donnée pour une nouvelle salle de bibliothèque, mesurant environ 31 mètres de long sur 7 mètres de large. A la Révolution française, les meubles furent confisqués et emportés à Chalon-sur-Saône, chef-lieu de district chargé de constituer un dépôt littéraire à partir des confiscations révolutionnaires.
Après avoir été entreposées, pendant une courte période, dans le couvent des Carmes de Chalon, les boiseries rejoignent l’ancien collège de garçons (actuel lycée Emiland Gauthey) choisi pour contenir le dépôt littéraire (qui avait été transféré depuis la maison du district, voisine du collège), puis la première bibliothèque de Chalon (1824). Les boiseries sont alors remontées et installées dans une grande salle du collège afin de contenir les livres issus des confiscations.
Lorsque la Bibliothèque déménage entre 1843 et 1845, du collège jusqu’à l’ancien couvent des Carmes devenu hôtel de ville, les boiseries font à nouveau, mais en sens inverse, le voyage qu’elles avaient fait à la fin du siècle précédent. Elles tapissent alors, en partie basse, trois murs de la salle d’étude (côté porte d’entrée, côté rue de Lyon et côté des globes) et sont complétées en partie haute par une galerie pourvue de boiseries du XIXe siècle ainsi que par un escalier en colimaçon.
Côté fenêtres de la salle d’étude, les boiseries de la partie basse, comme celles de la galerie, ne proviennent pas de l’ancienne bibliothèque de l’abbaye de La Ferté mais ont été réalisées en 1870, pour répondre à l’accroissement des collections du XIXe siècle, en s’inspirant du décor de la bibliothèque de La Ferté.
En 1897, la galerie côté fenêtres est reliée à celle qui longeait déjà les trois autres côtés de la salle. Un second escalier (aujourd’hui disparu), est installé, à l’identique, face à celui qui existe encore aujourd’hui.
Au cours de l’installation des boiseries de La Ferté dans la salle d’étude, et sans doute au cours de la précédente installation dans l’ancien collège, les bandeaux ont été recoupés afin de s’adapter à leur nouvel emplacement. C’est pourquoi ils ont été mutilés. Certains éléments composant le décor ont pu également être déplacés dans les panneaux, voire enlevés d’un panneau pour être replacés sur un autre.
Presque tous les éléments de décor visibles sur les pilastres et les modillons, ou sur les bandeaux, sont uniques.
On compte dans la salle vingt-huit bandeaux (ou cartouches) provenant de l’abbaye de La Ferté. Dix-huit sont ornés de motifs purement décoratifs (fleurs et feuillages) et dix d’entre eux portent des sculptures représentant les thèmes des ouvrages rangés autrefois dans les meubles correspondants.